En parallèle, son impact sur l'environnement est considérable. Dans la plupart des pays développés, l'industrie manufacturière est ainsi l'une des trois principales sources d'émissions de gaz à effet de serre (GES), elle représente par exemple près d'un quart des émissions aux États-Unis Face à la crise climatique, investisseurs, organismes de réglementation, clients et collaborateurs sont pourtant de plus en plus attentifs aux ambitions annoncées et aux plans de transitions concrets, mis en place par les entreprises du secteur.
Le défi est grand mais le potentiel que représente le secteur de l'industrie manufacturière en matière de contribution à l'atteinte de l'objectif net zero world l'est tout autant. L'influence considérable qu'exercent les fabricants tout au long de leur chaîne de valeur constitue une véritable opportunité pour accélérer l'action climatique à grande échelle. Nous sommes entrés dans le temps de l'action.
L'industrie lourde représente plus d'un cinquième de la consommation énergétique totale des entreprises2. La production à partir de matières premières brutes nécessite en effet une énergie importante et génère des émissions de gaz à effet de serre élevées. Mais, les opportunités pour réduire cet impact existent.
NOTE : Le conflit militaire russo-ukrainien, qui est avant tout une crise humanitaire mondiale, a entraîné une flambée des prix du pétrole et du gaz, ayant pour conséquence une augmentation du coût de l'énergie. La hausse des prix et la raréfaction des ressources placent les fabricants devant des choix difficiles, notamment celui de répercuter la hausse des coûts sur les prix de leurs produits ou de l'absorber, ce qui représente dans tous les cas un risque commercial important. Privilégier les énergies renouvelables peut contribuer à réduire le risque. Alors que le solaire, l'éolien et le stockage des énergies renouvelables sont des technologies qui vont probablement se développer, il est peu probable en effet que les prix des combustibles fossiles diminuent.
Mesurer son empreinte carbone constitue la première étape pour atteindre le net zéro. Pour cela, il est essentiel de comptabiliser précisément votre consommation d'énergie ainsi que les émissions résultant de votre activité, sans oublier d'inclure vos émissions indirectes (scope 3). La seconde étape consiste à fixer des objectifs ambitieux mais réalisables de réduction des émissions et de transition vers les énergies renouvelables. La norme net zéro fondée sur la Science-Based Targets Initiative (SBTi) se concentre sur six critères clés pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d'ici la fin du siècle : normalisation, ambition, impact, responsabilité, transparence et crédibilité.
Ensuite, il vous faut réduire vos émissions, notamment en améliorant votre efficacité énergétique. Le potentiel de réduction doit être pris en compte sur tous les aspects : du changement de comportement des collaborateurs à l'investissement dans les nouvelles technologies. Une autre option serait d'opter pour une énergie régionale plus écologique comme le biogas par exemple, produit à partir de sources biodégradables - comme le fumier et les déchets organiques - avant d'être transformé en biométhane de même qualité que le gaz naturel et injecté dans le réseau de gaz existant.
En ce qui concerne les émissions du scope 2, le recours aux énergies renouvelables représente l'un des moyens les plus efficaces pour réduire rapidement vos émissions et contenir la hausse des coûts énergétiques. C'est donc un bon point de départ dans votre stratégie de transition climatique.
En matière d'approvisionnement énergétique, il est important de se projeter sur un temps long avec une stratégie holistique prenant en compte les risques liés à l'évolution des prix. Plusieurs outils permettent une transition rapide vers une énergie plus propre, plus locale et moins chère : opter pour des certificats d'économie d'énergie (CEE) ou des CEE groupées/dégroupées, produire l'énergie sur site etc.
D'après le CDP, au cours des cinq prochaines années, les entreprises devront faire face aux conséquences et au coût du changement climatique impactant leurs chaîne d'approvisionnement. Si l'on ajoute à cela la pression croissante du public et des institutions pour la prise en compte systématique des émissions de scope 3, la gestion des émissions de GES et l'impact des produits, la gestion de la chaîne d'approvisionnement devient cruciale pour rester compétitif et résilient.
En tant que fabricants et acheteurs de biens et de services, il est normal pour les entreprises industrielles d'exiger une certaine transparence de la part de leurs fournisseurs : ceci les incite à réduire leurs émissions et leurs coûts et à communiquer davantage sur leurs actions, comme l'a démontré le rapport 2021 du CDP sur la chaîne d'approvisionnement internationale. Mais comment comptabiliser et réduire les émissions indirectes ? Un plan d'action efficace consiste à repenser votre chaîne d'approvisionnement en incitant vos fournisseurs à accélérer leur transition vers l'électricité renouvelable.
La circularité représente la plus grande révolution de l'économie mondiale depuis 250 ans. Ce concept, fondé sur le modèle de boucle fermée "réduire, réutiliser, recycler, récupérer", remplace le modèle linéaire "prendre, fabriquer, jeter". Les systèmes circulaires optimisent l'utilisation des ressources, pour maintenir les produits, les équipements et les infrastructures en service plus longtemps, tout en réduisant les déchets, la pollution et les émissions de carbone. L'économie circulaire et le travail sur la conception des produits constituent aussi un levier essentiel pour réduire l'utilisation de matériaux et donc les émissions liées au scope 3.
Les facteurs économiques, géopolitiques et sociaux ont tous profondément impacté le coût et la disponibilité des ressources. Depuis 2020, la pandémie de COVID-19 a fortement perturbé les chaînes d'approvisionnement, et ce partout dans le monde. Les fabricants sont conscients de l'urgence et se doivent de transformer les opérations et repenser les produits afin de consommer moins d'énergie et davantage de matériaux recyclés. Ces changements sont essentiels pour l'avenir de l'industrie manufacturière : ils contribuent à atténuer la hausse du prix des matières premières, à répondre aux attentes des parties prenantes et à permettre aux industriels de collaborer davantage avec leurs fournisseurs afin de développer des solutions innovantes.
Les investisseurs demandent une plus grande transparence de la part des entreprises : ils souhaitent connaître leur stratégie climatique (par le biais des indicateurs ESG notamment) et sont prêts à financer les entreprises pouvant démontrer des progrès tangibles. Ils incitent également les gouvernements à agir davantage. L'année dernière, 733 investisseurs, représentant plus de 52 000 milliards de dollars d'actifs (USD), ont signé la Déclaration mondiale des investisseurs 2021 sur la crise climatique, exhortant notamment les gouvernements à mettre en œuvre des politiques visant à atteindre les objectifs de net zéro, à encourager les investissements privés en ce sens et à rendre obligatoire la communication des risques climatiques conformément à la TCFD.
South Pole conseille et accompagne les entreprises et institutions à travers le monde dans la définition et la mise en œuvre de stratégies de durabilité intégrées et ambitieuses, à la hauteur des enjeux climatiques.
Pour les industriels, les leviers de changement les plus puissants résident dans la stratégie énergétique, l'économie circulaire et la chaîne d'approvisionnement :
1Task Force on Climate-related Financial Disclosures
2Recherche South Pole basées sur les données du CDP, Customer Data Platform
Découvrez la mise en place d'une stratégie climatique ambitieuse.