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Mise en oeuvre de pratiques d’agriculture régénératrice en France: retour d'expérience d'agriculteurs
23 Octobre 2023

Mise en oeuvre de pratiques d’agriculture régénératrice en France: retour d'expérience d'agriculteurs

4 minutes de lecture
Action climatique d'entreprise
Giulia Chivée
Giulia Chivée Consultant, l'équipe Agricultural Value Chains
Adrien Mies
Adrien Mies Regional Lead, Agricultural Value Chains

L’agriculture conventionnelle représente 22% des émissions de gaz à effet de serre mondiales et entraîne une dégradation de la biodiversité.

Pourtant la mise en oeuvre de pratiques d'agriculture régénératrice peut permettre d'augmenter le potentiel de stockage du carbone dans les sols, réduisant ainsi les concentrations de dioxyde de carbone dans l'atmosphère et renforçant la sécurité alimentaire.

Afin d'accompagner au mieux nos clients en leur proposant des stratégies crédibles et concrètes, ancrées sur une bonne connaissance terrain, notre équipe dédiée au secteur agricole a effectué l'été dernier une visite dans une exploitation familiale se consacrant à l'étude et au développement de pratiques d'agriculture de conservation. Ils ont ainsi pu observer des exemples et les résultats concrets de la mise en œuvre de méthodes d'agriculture régénératrice. Ils nous racontent…

Les pieds dans la terre : à la découverte de l'agriculture régénératrice

Nous sommes accueillis par Julien et Géraud, agriculteurs installés depuis plusieurs générations dans leur exploitation familiale de 170 ha, à une centaine de kilomètres de Paris. L'exploitation n'a pas toujours eu recours à des techniques d'agriculture régénératrice, mais depuis quelques années, les deux associés ont reconverti leur pratique, et sont désormais pionniers et promoteurs actifs de différentes méthodes d'agriculture de conservation (couverts végétaux et agroforesterie principalement), formant d'autres agriculteurs et acteurs du monde agricole.

Le double avantage des couverts végétaux

Le principe des couverts végétaux consiste à planter des cultures de couverts entre les récoltes pour éviter de laisser la terre à nue entre deux cultures principales. Au moment de planter les cultures principales, les résidus de culture des couverts peuvent être laissés sur le sol sous forme de paillis, incorporés au sol pour le fertiliser, ou bien récoltés.

La mise en place de culture de couverts a un double effet de protection de la surface du sol et d'amélioration de sa santé, ce qui présente des avantages pour l'écosystème mais aussi pour les agriculteurs :

  • Amélioration de la structure du sol : les couverts végétaux permettent de minimiser le travail du sol nécessaire à la culture, et de réduire le risque d'érosion. En 2015, l'exploitation familiale de Géraud a ainsi commencé à pratiquer le semis direct et les cultures de couverts ; leur sol accueille aujourd'hui des racines vivantes 300 jours par an. Grâce à cette pratique, leur exploitation agricole n'a pas souffert du ruissellement de l'eau et a limité la perte de terre arable lors des inondations de 2022 sur leur exploitation.
  • Meilleure rétention et infiltration de l'eau : le couvert végétal fourni par ces cultures, surtout dans le cas où les résidus sont laissés dans les sols, permet d'augmenter leur capacité d'infiltration et de rétention de l'eau. Comme indiqué précédemment, le semis direct et l'amélioration de la structure du sol réduisent également le ruissellement et l'évaporation de l'eau, ce qui laisse plus d'eau disponible pour les cultures pendant les mois les plus secs.
  • Augmentation de la fertilité du sol : les couverts végétaux augmentent le taux de matière organique du sol et permettent d'apporter des éléments nutritifs (principalement de l'azote) qui seront ensuite disponibles pour les cultures principales. Une quantité de matière organique plus importante a ainsi permis à la ferme familiale de Géraud de développer la vie présente dans le sol, avec environ 2 tonnes de vers de terre par hectare. En comparaison, l'agriculture conventionnelle compte en moyenne 100 kg de vers de terre/ha et l'agriculture biologique avec travail du sol 140 kg/ha. Les terriers des vers de terre créent des macropores dans la terre, permettant aux racines de croître plus facilement, et d'obtenir une structure du sol moins compacte. De plus, les racines et les plantes de couverture nourrissent les bactéries, les champignons et autres organismes du sol, apportant de nouveaux nutriments pour les plantes, facilitant la décomposition de la biomasse ligneuse (biomasse à dégradation lente), etc.
  • Développement de la biodiversité : la végétation et les fleurs des couverts végétaux attirent les insectes et les pollinisateurs et offrent des abris pour la faune. En hébergeant des organismes bénéfiques, les couverts permettent de réduire drastiquement le nombre de maladies, tout en agissant comme des cultures pièges pour les ravageurs.
  • Stockage du carbone : En augmentant le taux de matière organique du sol, les couverts végétaux renforcent la capacité du sol à stocker le carbone.

Dans la ferme de Julien et Géraud, 5 à 10 espèces différentes sont utilisées pour les couverts végétaux, permettant de créer un meilleur équilibre (structure du sol, apport d'azote, production de biomasse), adapté à la diversité des types de sols de la ferme.

En parallèle, des moutons paissent sur la ferme six mois par an, apportant naturellement du fumier, améliorant la décomposition de la biomasse "dure". Ils mangent également le fourrage issu de la rotation des cultures de couverture.

Restaurer l'écosystème avec une approche systémique

La culture de couverts végétaux permet de restaurer l'écosystème naturel des sols, et apporte des avantages économiques réels aux agriculteurs, en améliorant leur rendement et leur résilience face au changement climatique, tout en réduisant leur impact sur l'environnement. En outre, augmenter la capacité des sols à séquestrer les émissions de carbone au niveau des champs par l'adoption de pratiques régénératrices peut bénéficier à l'ensemble de la chaîne de valeur agricole.

Toutefois, modifier les pratiques agricoles n'est pas si simple et il faut disposer de connaissances spécifiques pour éviter par exemple la mise en concurrence des cultures de couvert avec les cultures principales (pour les nutriments, la disponibilité de l'eau, vis à vis des ravageurs…). Il est essentiel que les différents acteurs concernés (organisations publiques, entreprises privées, interprofession, etc.) travaillent ensemble pour aider les agriculteurs à mettre en œuvre une approche adaptée et durable, et partager l'ensemble des bonnes pratiques au plus grand nombre.

Un partenariat pour accélérer la transition agricole

South Pole accompagne les entreprises avec une chaîne de valeur agricole dans l'évaluation de leur impact environnemental, et la mise en œuvre globale de leur stratégie de durabilité.

En s'associant avec Biospheres, spécialiste de la transition agricole et des pratiques d'agriculture régénératrice, nous pouvons désormais apporter un soutien technique et agronomique aux cultivateurs et agriculteurs, en formant les équipes sur le terrain.

Ensemble, Biospheres et South Pole aident les entreprises et les agriculteurs à exploiter le potentiel de l'agriculture régénératrice dans leurs chaînes de valeur, depuis la définition d'un engagement climatique ambitieux et crédible jusqu'à la mise en œuvre de pratiques régénératrices au niveau de l'exploitation.

Voir notre communiqué de presse sur notre partenariat avec Biosphères pour en savoir plus.

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